Lorsque naît l’abbaye de Cîteaux en 1098, ses premiers moines reçoivent aussitôt quelques terres alentour. Le Clos de Vougeot est fondé dès les années 1110. C’est alors que Saint Bernard donne à la famille cistercienne l’élan décisif qui l’établit dans la Chrétienté entière. Sous la tonsure cistercienne, cette vigne vit durant 680 ans, offrant un cadeau tout trouvé pour obtenir les faveurs du pape ou du roi.
Le deuxième chapitre de l’histoire du clos dure cent ans. Sous le bonnet phrygien, c’est un bien national vendu sous la Révolution à de grands bourgeois. Fils du financier des guerres napoléoniennes, Julien-Jules Ouvrard le possède de 1818 à 1861. Le clos passe à ses enfants alliés aux Rochechouart et Montalembert. En 1889, il est cédé à six négociants en vin de la région. Troisième chapitre : le Clos de Vougeot connaît depuis lors de multiples divisions parcellaires, demeurant cependant l’âme du vin de Bourgogne.
En effet le 48eme abbé de Cîteaux Jean Loisier construit vers 1550 au cœur du clos ce château d’une Renaissance assagie, marquée encore par le Moyen Âge et ses tours carrées. Elégant et fonctionnel car il sert aussi de cuverie et de cellier, le château du Clos de Vougeot marie le simple et le composé, le singulier et le pluriel. Rien d’ostentatoire mais au dedans, quel souffle ! La Confrérie des Chevaliers du Tastevin y célèbre ses Chapitres depuis 1945, faisant du château la plus belle table d’hôtes de France.
Léonce Bocquet (1839-1913) se rend propriétaire du château et d’une quinzaine d’hectares dans le clos. On lui doit la restauration du château et un panache exceptionnel. Au premier maréchal de la cour des Hohenzollern qui goûte pendant trois jours le vin du clos et en commande 200 bouteilles, il répond : « Dites à votre empereur que je ne facture pas 200 bouteilles seulement. Je les offre ». Léonce Bocquet est enterré devant le château”.