Dès 1816, André Jullien écrit dans sa fameuse Topographie de tous les vignobles connus : « Volnay produit le plus léger, le plus fin et le plus agréable des vins de la Côte de Beaune », s’émerveillant encore de son « charmant bouquet ». Bossuet, cette brillante figure de l’Eglise admettait seulement le Volnay à sa table. Il y voit « le courage, la force, la joie, l’ivresse spirituelle, le transport de l’âme ». La veille de sa mort, il fit entrer à l’évêché de Meaux six pièces de Volnay « afin que rien ne manquât à sa pompe funèbre ». Peut-on imaginer geste plus bourguignon ?
Comme l’estiment Courtépée et Béguillet au XVIIIème siècle, si les anciens ducs de Bourgogne, les chevaliers de Malte, les moines de Maizières et nos anciens roi se plaisaient tant à Volnay, c’est qu’ils en goûtaient « la vue très-variée, le bon air qu’on y respire, l’excellence des vins et des eaux du pays ». Durant les temps anciens, on fit longtemps à Volnay ce qu’on appelait le Vin de primeur ou paillé. Bref séjour en cuve, pressoir, fût, puis le jus de ces raisins blancs entrait en cave. Dès le début du XIXème siècle, le rouge remplace ce blanc œil-de-perdrix car on découvre ici la sensualité la plus ardente du pinot noir rouge et franc. Les anciens imaginaient l’âme de Volnay forgée sur un ancien volcan. Si cette hypothèse est écartée de nos jours par la géologie, il est vrai que les élans, les passions de ce vin ont quelque chose de féminin. A quoi le reconnaît-on ? Il laisse sur la Côte de Beaune comme l’empreinte d’un baiser.